Communiqué de presse sur la réforme des retraites.
En Commun! réitère son regret de l’abandon du système universel par points et le retour à une réforme paramétrique ayant principalement une ambition financière.
Il est également regrettable que d’autres pistes de financements, par exemple en mobilisant la fiscalité du capital, n’aient pas été recherchées. Elles auraient utilement permis d’accroître l’effort de la réforme en faveur des plus fragiles.
Dans ce cadre, le projet présenté par le gouvernement répond néanmoins au problème d’équilibre financier par des mesures nuancées.
Nous nous félicitons ainsi des éléments positifs concernant les carrières longues, la pénibilité, l’emploi des seniors ou encore la prise en compte des situations d’invalidité et du handicap.
Afin que la réforme protège les plus vulnérables et soit vectrice de justice sociale, En Commun! appelle toutefois le gouvernement à faire davantage sur plusieurs points :
Il est d’abord nécessaire de renforcer le dispositif prévu pour les carrières longues ou hachées. Le projet du gouvernement envisage un départ possible après 44 années de cotisation pour celles et ceux ayant commencé à travailler très tôt.
Nous proposons de réduire cette durée de cotisation à 43 ans, comme le reste des actifs, dans une logique d’égalité entre les cotisants.
Nous devons aussi œuvrer de manière plus volontariste en faveur des seniors dont le maintien en emploi est une des conditions du succès de la réforme. A cet égard, les propositions du gouvernement, reposant uniquement sur la bonne volonté des employeurs, sont insuffisantes.
L’index d’emploi des seniors parait intéressant mais doit être plus contraignant. Un mécanisme de bonus – malus permettrait d’inciter puissamment les employeurs, sans coût pour les finances publiques.
Nous appelons également le gouvernement à mieux tenir compte des débuts de carrière mouvementés des jeunes générations, qui sont les premières concernées par la réforme.
En Commun! propose :
- que les périodes de stage rémunéré soient mieux prises en compte dans le calcul de la retraite ;
- d’élargir et faire connaître les possibilités de rachat de trimestres ;
- que les jobs d’été des jeunes et le travail salarié à temps partiel des étudiants ouvrent des droits, même quand ils n’atteignent pas le plancher de rémunération actuel sur un trimestre, en ouvrant la possibilité d’une réduction de cette unité de temps.
Nous appelons également à faire plus pour les personnes exerçant des métiers pénibles.
Les discussions dans les branches professionnelles autour des critères de pénibilité supprimés en 2018 prévues par le projet de réforme peuvent échouer. L’État devrait s’engager à reprendre la main si elles n’aboutissaient pas.
Le Compte professionnel de prévention est aussi un outil à utiliser davantage et pourrait être abondé en partie par l’employeur dans une logique de responsabilisation.
Des clauses « lutte contre la pénibilité » devraient être insérées dans les marchés publics, afin que les fournisseurs prennent en compte la pénibilité et soient incités à la faire diminuer.
Enfin, En Commun ! appelle à renforcer le soutien apporté aux aidants familiaux d’enfant dont le taux de handicap se situe entre 50% et 79%. Ils doivent eux aussi pouvoir bénéficier d’une prise en compte d’un certain nombre de trimestres. L’ensemble de ces actions doit examiner le cas des femmes, avec des politiques adaptées à leur situation : retraites à montants plus faibles, carrières hachées, employabilité des femmes senior, pénibilité spécifique dans les métiers exercés.